All by my selfie

Camille Fallet

1977 -

Camille Fallet

L'artiste

Camille Fallet a commencé par documenter les paysages de l’Aveyron, où il a grandi, et poursuit une série sur les Molènes, hautes plantes qu’on trouve presque partout dans le monde, disséminées par le vent et les automobiles. À la manière d’un enquêteur ou d’un naturaliste, Camille Fallet relève à chaque fois dans un environnement donné des éléments potentiellement significatifs. Sa recherche est aussi celle d’images antérieures, liées à un imaginaire personnel. Dans cette mémoire visuelle associative, la notion de découpage, au double sens d’extraction et de séquence, tient une place essentielle. Elle constitue le lien entre les bandes dessinées, les films fantastiques et les livres d’artistes utilisant la photographie à travers lesquels son regard s’est formé. Pour l’exercer, Camille Fallet a choisi un « sujet » commun, à la fois bien défini et en expansion. À Londres, à Glasgow, dans le périmètre du Grand Paris ou de la communauté d’agglomération de Bordeaux, son travail s’est concentré sur l’architecture« moderne», les espaces intermédiaires et les circulations multiples qui constituent les territoires urbanisés. Il tient, d’une part, de l’enregistrement en séries : répertorier des typologies, traiter un ensemble sous différents aspects. Il procède, d’autre part, d’un mouvement d’approche, généralement depuis la périphérie, où apparaissent détails et points de vue inattendus. Les photographies font ensuite l’objet d’un montage - assemblage dans l’espace, projection, mise en page. Ces formes réactivent souvent des modèles photographiques ou des oeuvres d’artistes reconnus. Chez Camile Fallet, il ne s’agit pas d’une attitude postmoderne (il n’y a ni vérité ni original, uniquement simulacre et copie), mais de la possibilité d’exercer son propre regard en s’appropriant une histoire et, pourquoi pas, en la réinventant. Entre reprise et déplacement, ses images ouvrent alors à une compréhension critique de l’urbanisation actuelle et peuvent informer des actions visant à la transformer.

David Benassayag - texte introductif à l’exposition Standards au Point du jour.

Regard sur une œuvre :
License color photo studio 
(de la série American Rephotographs)
2016  

Pour License Color Photo Studio qui reproduit l’image d’ouverture de American Photographs de Walker Evans, j’ai construit une maquette de l’échoppe d’origine à l’échelle 1 /2 dans la Straat galerie en 2016. Je l’ai remonté ensuite dans la grande salle, vide, du Point du Jour à Cherbourg pour la photographier. Cette image fait jouer différentes transpositions, équivalences : l’image noir et blanc d’un magasin reconstruit en volume et en couleurs ; la maquette d’un studio de prise de vue photographiée comme en studio ; un studio qui est le lieu dans lequel la photographie est exposée; et, finalement, la photographie d’une architecture commerciale aux États-Unis dans les années 1930 confrontée à celle des magasins d’enseignes qu’on voit à travers la baie vitrée du centre d’art.

Camille Fallet, 2018