Mémoire Désir

Clémentine Brandibas

1989 -

Clémentine Brandibas

Clémentine Brandibas œuvre de manière instinctive et empirique, en laissant libre cours à ses intuitions. Elle utilise la broderie à l’aiguille comme un médium de création associé à sa sensibilité de plasticienne : puisant en grande partie son inspiration dans la Nature, de son microcosme à son macrocosme.

En miroir d’une première démarche qui serait plutôt une recherche de
« biomimétisme » et d’évocation poétique de paysages organiques ; elle souhaite d’autre part partager sa vision personnelle des matières premières brutes qu’elle collecte précieusement.

Ses récoltes, une fois transformées et sublimées, deviennent une palette de textures qui lui permet de créer une expérience hypnotique et méditative.

Temps forts

Clémentine Brandibas, née en 1989 à Toulouse, obtient son DMA (diplôme des métiers d’art) textile spécialité broderie à l’école Duperré en 2011.
En 2018 son travail d’artiste brodeuse est doublement récompensé par le Prix Jeune Création des Métiers d’Art et par le prix régional des Ateliers d’Art de France.

Elle vit et exerce actuellement dans la région bordelaise.

 

Rencontre

- Qu'est-ce qui vous a attiré dans les techniques de la broderie ? 

Il y a environ une quinzaine d’années, j’ai eu un véritable coup de foudre pour la broderie d’art. J’ai trouvé ce savoir-faire extrêmement riche de techniques et j’ai particulièrement vu le potentiel de subtilités de langage textile qu’il offrait.  Ma manière de travailler est en grande partie influencée par les principes philosophiques de l’art pictural chinois et la broderie à l’aiguille s’est révélée le médium me permettant d’exprimer le plus justement possible ce mouvement vivant de la nature, et de lui rendre hommage.

- Comment pensez-vous que votre travail a évolué au fil des années ? Comment pensez-vous que cela pourrait évoluer à l'avenir ?

Mon cœur de métier est de créer des œuvres d’art murales poétiques, d’inspiration organique en expérimentant et en développant mes connaissances techniques le plus finement possible. Depuis quelques années, différents acteurs du domaine de l’artisanat, de l’art ou du design font également appel à moi pour mettre ma vision artistique et mes compétences techniques au service de leur projet ou d’une collaboration. Dans l’idéal j’aimerais continuer à développer ces deux aspects de mon travail car ils me passionnent tout autant l’un que l’autre et sont je pense, complémentaires.

- Y a-t-il quelque chose ou quelqu'un qui vous inspire particulièrement dans votre travail ? 

Je puise en grande partie mon inspiration dans les extrêmes de la Nature, dans ses mécanismes, ses textures, ses structures. Je m’intéresse beaucoup à la transformation de la matière en général, et en ce moment par exemple je suis fascinée par le travail de la terre : la céramique, ainsi que par le principe de cristallisation et de craquellement…

- Comment avez-vous réussi à traduire l'environnement qui vous entoure dans vos œuvres ?

Nourrie de visuels d’inspiration, de souvenirs et d’observations, je met ensuite en œuvre des procédés techniques qui tendent vers le bio mimétisme et qui matérialisent la notion de croissance lente, fragile, précieuse.
J’aime aussi beaucoup jouer sur l’ambiguïté entre figuratif et abstraction, je souhaite que la lecture de mes pièces soit très ouverte et propice à la rêverie.
Les compositions de mes œuvres évoquent souvent le point de vue d’un observateur omniscient survolant des reliefs lointains, inaccessibles, tout en détaillant l’anatomie moléculaire de cette même matière paysage.

- Comment choisissez-vous les différentes matières que vous assemblez dans vos créations ?

Suivant mon idée initiale je vais commencer une œuvre soit à partir d’une vision ou d’un concept que je souhaite exprimer; soit par une matière collectée qui m’inspire et que je souhaite transcender. Dans la première idée, je suis à la recherche d’une illusion organique et donc je mets tous les moyens plastiques / techniques à ma disposition pour tendre vers une évocation précise telle qu’un effet de cristallisation par exemple.
Dans ma deuxième démarche, j’essaye au contraire d’abstractiser une matière première naturelle collectée en amont. J’aime l’idée de passer cette matière à travers un filtre, de la transformer tout en valorisant son essence. Souvent il en résulte des compositions en mandalas qui créent pour l’observateur une expérience presque hypnotique. 

- Vous regarder travailler évoque quelque chose d’hypnotique et méditatif. Est-ce le cas pour vous quand vous brodez ? 

Oui, il arrive qu’à des moments d’intense concentration et de répétitions de points je perde la notion du temps et je me laisse emporter par un mouvement de création qui tient à l’intuition pure de la main et du cœur.